La logique de PLATONBiographiePlaton est né à Athènes en 427 avant notre ère dans une famille aristocratique liée à l'oligarchie. Il reçoit dans sa jeunesse une éducation traditionnelle correspondant à son statut social. Par son origine il est en relation étroite avec le parti oligarchique que par ailleurs il honnit. Après avoir été dégoûté de la politique et des injustices des tyrans au pouvoir il rencontra Socrate qui le persuada de renoncer à la vie publique et à se tourner vers la philosophie. Platon fut le disciple de Socrate durant neuf ans à partir de -408 jusqu'à la mort de celui-ci en -399. A 28 ans, déçu de la nouvelle démocratie d'Athènes qui avait condamné Socrate à se donner le mort qui en était responsable et très affecté par la perte de son maître, Platon s'exila en Sicile qu faisait alors partie de la Grande Grèce. Il y rencontra le pythagoricien Philolaos de Crotone, et s'initia à sa philosophie. A Syracuse, il tenta vainement de convaincre Denys l'Ancien d'établir une forme de gouvernement régie par la philosophie. Le tyran se brouilla avec lui et le livra à un capitaine qui le vendit comme esclave. Il fut heureusement racheté par un ami. Platon revint alors à Athènes vers -387 et fonda une école de philosophie qu'on appellera Académie. Après un dernier voyage en Sicile pour tenter sans succès de guider vers la sagesse Denys le Jeune, successeur de Denys l'Ancien, il revint définitivement à Athènes où il se consacra à la philosophie et à la rédaction de ses dialogues jusqu'à sa mort, à l'âge de quatre-vingts ans. ŒuvrePlaton a écrit de nombreux livres, en général sous forme de dialogues de Socrates avec ses disciples. Ils traitent des relations des hommes entre eux (politique, éthique) soit des relations soit des hommes avec l'univers qui impliquent les conditions de l'existence et de la connaissance. Socrate et Platon sont à l'origine de l'humanisme. Ce qui nous intéresse ici, ce sont les conditions de la connaissance. Platon postulait des principes universels communs à l'existence et à la connaissance, sous-jacents aux aspects superficiels et impermanents des phénomènes. Il les appelait eidos (εἶδος en grec ancien), ce qui signifiait modèle ou exemple, mais qui a été traduit par idée ou forme, ce qui a conduit malencontreusement à la confusion avec les concepts rationnels du langage. Il faut comprendre les principes ou 'idées" de Platon comme des symboles accessibles seulement par l'imagination et dont les idées ou concepts exprimables par le langage ne sont que des exemples particuliers par analogie. C'est par de tels exemples concrets que Socrate explique le fonctionnement de la connaissance dans Phédon à propos de la logique et dans République IV à propos des niveaux de la connaissance. Les citations suivantes sont des éditions de Platon, oeuvres complètes, sous la direction de Luc Brisson, Flammarion 2008. Connaissance et
logique
dans Phédon
La mort de Socrate: la
philosophie, c'est apprendre à mourir. Socrate répond à Criton qui, cédant à l'insistance de celui qui est chargé d'administrer le poison, lui conseille de ne pas s'échauffer au dialogue au risque de devoir prendre le poison deux ou trois fois: 64
a - Laisse le dire, fit Socrate. Car
je veux, maintenant, devant vous, mes juges, justifier cette
affirmation: il me
parait raisonnable de penser qu'un homme qui a réellement passé toute
sa vie
dans la philosophie est, quand il va mourir, plein de confiance et
d'espoir que
c'est là-bas qu'il obtiendra les biens les plus grands, une fois qu'il
aura
cessé de vivre. Comment il peut justement en être ainsi, voilà, Simmias
et
Cébès, ce que je vais tenter de vous expliquer. Car c’est bien là une
chose
dont les autres risquent de ne pas avoir conscience : que tous
ceux qui
s’appliquent à la philosophie et s’y appliquent droitement ne
s’occupent de
rien d’autre que de mourir et d’être morts. Or si cela est vrai, voici
qui
serait, je crois, déconcertant: avoir tout au long de sa vie cette
unique chose
à cœur, et, au moment même où elle arrive, se révolter contre ce que
l'on avait
précisément à cœur et à quoi on s'occupait si
longtemps. L'incertitude
et impermanence des sens corporels. 64d - …Est-ce que cela te parait être le propre de l'homme qui est philosophe que de prendre au sérieux ce qu'on appelle les plaisirs, l'espèce de plaisirs que l'on prend, par exemple, à la nourriture ou à la boisson? - Pas du tout, Socrate, dit Simmias. …Ton opinion, dit Socrate, est donc que, en général, la préoccupation d'un tel homme n'est pas de se soucier du corps, mais de s'en éloigner autant qu'il en est capable et de se tourner vers l'âme 65 a - C’est donc d’abord en de telles circonstances que l’évidence s’impose : le philosophe délie son âme, autant qu’il le peut, de toute association avec le corps, d’une façon qui le distingue de tous les autres hommes ? - Oui 65
b, c … la vue ou encore l’ouïe
comportent-elles pour les hommes une vérité quelconque ? Ou,
au moins,
est-ce que cela ne se passe pas comme même les poètes ne cessent de
nous le
rabâcher: nous n’entendons rien, ne voyons rien avec
exactitude ? Or, si
parmi les perceptions du corps, ces deux-là ne sont ni exactes ni
claires, ne
parlons pas des autres. Car elles sont toutes, j’imagine, plus
imparfaites que
celles-là. N’est-ce pas ton avis La supériorité de la
raison sur les sens. - A quel moment donc, dit Socrate, l’âme saisit-elle la vérité ? Chaque fois en effet qu’elle se sert du corps pour tenter d’examiner quelque chose, il est évident qu’elle est totalement trompée par lui. - C'est vrai. Alors ? N’est-ce pas dans l’acte de raisonner, et nulle part ailleurs, qu’en vient à se manifester à elle qu’est réellement la chose en question ? Oui Et c’est donc aussi à ces moments-là que l’âme du philosophe accorde le moins d’importance au corps, s’évade de lui et cherche à se concentrer en elle-même ? 67
c - Aussi ce voyage, celui qui à présent m’est
prescrit, s’accompagne-t-il d’une noble espérance, et cela vaut pour
tout homme
qui estime que sa réflexion est prête à s’exercer, puisqu’elle est
comme
purifiée. La complémentarité des
contraires, logique du Devenir Socrate explique la vie et la mort par le constat que toutes "les choses qui ont un devenir" vont par paires de contraires. 70d - 71b: - Il existe une antique tradition, dont nous gardons mémoire, selon laquelle les âmes arrivées d'ici existent là-bas, puis à nouveau font retour ici-même et naissent à partir des morts. S'il en va de cette façon, si c'est à partir de ceux qui moururent un jour que les vivants naissent à nouveau, que conclure, sinon qu'elles doivent bien exister, nos âmes, quand elles se trouvent là-bas? En effet, elles ne pourraient en aucune façon naître à nouveau si elles n'avaient pas d'être. On aurait un indice suffisant que c'est le cas, s'il apparaissait de façon vraiment indiscutable que les vivants proviennent d'absolument rien d'autre que des morts Mais s'il n'en est pas ainsi, alors il nous faudra un autre raisonnement. - C'est certain, dit Cébès Or
ce principe, si tu veux le comprendre plus
facilement, ne l'examine pas seulement à propos des hommes, mais aussi
à propos
de tous les animaux, de toutes les plantes et, plus généralement,
de toutes les choses qui ont un devenir. A propos de toutes,
essayons de
voir si c'est ainsi, et pas autrement, qu'elles adviennent toutes: les
choses
contraires à partir de rien d'autre que de leurs contraires – cela vaut
pour
tout ce qui se trouve entrer dans une relation de ce genre: par
exemple, le
beau, je pense, est le contraire du laid, le juste de l'injuste, et il
y a des
milliers d'exemples semblables. Examinons donc cette question; pour
toutes les
choses qui possèdent un contraire, est-ce une nécessité que ce
contraire ne
provienne d'absolument rien d'autre que de son contraire? Par exemple:
quand
une chose devient plus grande, n'est-il pas, j'imagine, nécessaire que
ce soit
après avoir été d'abord plus petite qu'elle devient ensuite plus grande? -
Evidemment.- Donc aussi, quand elle devient plus
petite, c'est après avoir été d'abord plus grande qu'elle deviendra
ensuite
plus petite. -
Tout juste, dit-il. -
Et c'est bien du plus fort que provient le plus
faible, et du plus lent le plus rapide? -
Parfaitement. -
Et encore, quand une chose devient pire, n'est-ce pas
d'avoir été d'abord meilleure? ou plus juste, d'avoir été d'abord plus
injuste? -
Impossible autrement. -
Nous tenons donc ce point pour suffisamment établi,
dit il: c'est ainsi qu'elles surviennent toutes, c'est à partir de
leurs
contraires que viennent à exister les choses contraires. -
Tout à fait. -
Autre chose, en ce qui les concerne, voici à peu près
ce qui se passe: entre tous ces couples de termes contraires se
produit,
puisqu'il y a deux termes, un double devenir – d'un contraire vers
l'autre, et,
inversement, de cet autre vers le premier. Je veux dire: entre le fait
pour une
chose d'être plus grande et celui d'être plus petite, n'y a-t-il pas
accroissement et diminution? – c'est ainsi que nous nommons d'une part
le
"s'accroître", de l'autre le "diminuer "-
Oui, dit-il. -
Donc c'est vrai aussi de "se diviser" et
"se rassembler", de "se refroidir" et "se
réchauffer", et de tous les processus semblables, même si dans certains
cas nous ne disposons pas de mots pour les désigner: il n'en est pas
moins
nécessaire en fait que cela se produise ainsi dans tous les cas; les
termes
proviennent les uns des autres et il y a devenir réciproque de chacun
des
termes vers l'autre? -
Parfaitement, dit-il. Socrate continue en développant la réciprocité de vie et mort par analogie avec l'éveil et le sommeil avant d'expliquer cette équilibration par une évolution cyclique. 72b…. Car si les choses en devenir ne s'équilibraient pas perpétuellement les unes les autres, tout à fait comme si elles opéraient un parcours circulaire, si au contraire il y avait une sorte de devenir en ligne droite, allant seulement d'un terme vers son opposé, sans jamais faire retour vers le premier terme ni décrire le tournant, tu vois bien que toutes choses finiraient par offrir le même aspect, par être déterminées par la même qualité et qu'elles en auraient cessé de devenir.
Les niveaux de
la
connaissance dans République VII
Les niveaux de la réalité et de la connaissance sont symbolisés dans l'allégorie de la caverne: Au fond de la caverne, les prisonniers enchaînés, le dos à la lumière, ne voient que des ombres sur la paroi qu'ils prennent pour la seule réalité. Elles symbolisent l'insuffisance des observations sensorielles. Si l'un d'entre eux est libéré et monte en direction de la sortie, il voit à l'étage supérieur les figures mouvantes éclairées par la lumière qui sont la cause des ombres projetées sur la paroi de la caverne. Enfin si on le fait monter à la lumière, hors de la caverne, il sera complètement ébloui par la lumière. Socrate compare l'ascension dans la caverne à l'élévation de l'âme vers l'absolu 517b
- Eh bien, c'est cette image, dis-je, mon cher
Glaucon, qu'il faut rattacher tout entière à ce que nous disions
auparavant, en
assimilant l'espace qui se révèle grâce à la vue à l'habitation dans la
prison,
et le feu qui s'y trouve à la puissance du soleil, et en rapportant la
montée
vers le haut et la contemplation des choses d'en haut à l'ascension de
l' âme
vers le lieu intelligible, tu ne risque pas de te tromper sur l'objet
de mon
espérance, puisque c'est sur ce sujet que tu désires m'entendre. Seul
un dieu
sait peut-être si cette espérance coïncide avec le vrai. Voilà donc
comment
m'apparaissent les choses qui se manifestent à moi: dans le
connaissable, ce
qui se trouve au terme, c'est la forme du bien et on ne la voit qu'avec
peine,
mais une fois qu'on l'a vue, on doit en conclure que
c'est elle qui constitue en fait pour toutes choses
la cause de tout
ce qui est droit et beau, … Il distingue enfin deux troubles de l'intelligence: celui qui vient d'un trop profond obscurcissement par l'ombre des sens et celui qui vient d'une trop forte expérience de la lumière spirituelle et 118a
– Mais justement quelqu'un de réfléchi, dis-je, se
souviendrait qu'il y a deux sortes de trouble des yeux, et qu'ils se
produisent
suivant deux causes: lorsque les yeux passent de la lumière à
l'obscurité, et
de l'obscurité à la lumière. Prenant en considération que les mêmes
transformations se produisent pour l'âme, chaque fois qu'il verrait une
âme
troublée et rendue impuissante à distinguer quelque chose, il ne rirait
pas de
manière stupide, mais il examinerait si, venant
d'une vie plus
lumineuse, c'est par manque d'habitude qu'elle se trouve dans
l'obscurité, ou
si passant d'une ignorance considérable à un état plus lumineux elle a
été
frappée d'éblouissement par l'éclat supérieur de la lumière. Pour lui
dès lors,
la première serait remplie de bonheur par cette expérience et par cette
vie,
tandis que l'autre serait à plaindre, et dans le cas où il éprouverait
le désir
de se moquer de cette dernière, son rire serait moins ridicule que s'il
prenait
pour cible l'âme qui vient d'en haut, de la lumière. Ontologie
Socrate était un
mystique qui transmettait la connaissance par initiation car "celui qui
comprend ne parle pas et celui qui parle ne comprend pas". Platon était un
philosophe. Il a transmis l'enseignement de Socrate par écrit sous
forme de dialogues. Aristote était un
"physicien", adepte de science empirique. Il a formulé l'enseignement
de Platon de manière rationnelle en catégories définies telles que les
principes de son ontologie et les quatre causes. Platon dans République VI, 509b: Sur ce, prends, par exemple, une ligne coupée en deux segments d'inégale longueur; coupe de nouveau, suivant la même proportion que la ligne, chacun des deux segments – celui du genre visible et celui du genre intelligible – et tu obtiendras ainsi le second segment, celui des images. J'entends par images d'abord les ombres, ensuite les reflets qui se produisent sur l'eau ou encore sur les corps opaques, lisses et brillants, et tous les phénomènes de ce genre. Tu comprends ce que je veux dire ? Dans les
œuvres complètes de Luc Brisson (Flammarion), la
ligne est illustrée dans une annexe par le schéma suivant: Le
monde visible est composé des choses animées
ou inanimées (DC) dont nos sens nous donnent des images
qui en sont
comme des ombres ou des reflets(AD). Aristote appelait matière les choses et forme
les images ou aspects visibles. Le monde intelligible comprend des principes d'existence anhypothétiques, non déductibles d'autres principes (EB), et une nature intelligible déductible sur la base d'hypothèses, postulats ou axiomes rationnels (CE). Aristote appelait existence le fait d'être et essence ce qui constitue la nature d'un être. "Lorsqu'on parle des choses, Aristote remarquait qu'on peut se demander si elles sont ou bien ce qu'elles sont. Dans les deux cas on utilise le verbe être mais l'existence désigne le fait d'être, alors que l'essence désigne ce qui constitue la nature d'un être." (source: http://www.philolog.fr/essence-et-existence/). Aristote appelait donc substance (hypostase) le principe d'existence intelligible (CB) sous-jacent aux choses; il appelait accident (AC) l'aspect visible et changeant des choses. Causalité
L'antiquité grecque ne comprenait pas les causes dans le sens des forces de la nature définies par la physique moderne. Platon parle plutôt de conditions d'engendrement, d'existence et d'unicité du monde et des êtres qui le composent. Platon dans Timée 31b-32a: C'est donc bien pour
que le monde ressemblât par son unicité (1) au
vivant total, que celui
qui a fabriqué le monde n'en a pas fait deux ou une infinité; aussi
notre ciel
a-t-il été engendré seul de son espèce, et il le restera. C'est évidemment
corporel que doit être le monde engendré, c'est-à-dire visible et
tangible; Or,
sans feu rien ne saurait jamais devenir (2)
visible; et rien ne saurait
par ailleurs être tangible sans quelque chose qui soit solide; or rien
ne saurait
être solide sans terre (3). De là vient que c'est avec du feu
et avec de la
terres que le dieu, lorsqu'il commença de le constituer, fabriqua le
corps du
monde. Mais deux éléments ne peuvent seuls former une composition qui
soit
belle, sans l'intervention d'un troisième (4); il
faut en effet, entre
les deux, un lien qui les unisse. Or, de tous les liens, le plus beau,
c'est
celui qui impose à lui-même et aux éléments qu'il relie l'unité la plus
complète, ce que par nature, la proportion réalise
de façon la plus
parfaite. Chaque fois que trois nombres quelconques, que ces nombres
soient
entiers ou en puissance, celui du milieu est tel que ce que le premier
est par
rapport à lui, lui-même l'est par rapport au dernier, et inversement
que ce que
le dernier est par rapport à celui du milieu, celui du milieu l'est par
rapport
au premier, celui du milieu pouvant devenir premier et dernier, le
dernier et
le premier pouvant à leur tour devenir moyens, il en résulte
nécessairement que
tous se trouvent être dans une relation d'identité, et que, parce
qu'ils se
trouvent dans cette relation d'identité les uns par rapport aux autres,
ils
forment tous une unité. Aristote a
divisé et défini les conditions d'existence
rationnellement en quatre causes.:
Par contre, Platon attribue l'unité et composition harmonieuse du monde aux rapports ou proportions (analogia en grec ancien) des quatre conditions, c'est-à-dire aux rapports semblables entre différents niveaux de grandeur. Depuis
Pythagore on savait que les rapports de nombres entiers
expliquent l'harmonie musicale. Aristote
connaissait bien sûr l'analogie de proportionnalité
mais ne la reconnaissait pas comme opérationnelle dans l'engendrement. La science
moderne a redécouvert l'analogie de
proportionnalité dans les homologies systémiques de von Bertalanffy,
dans les
homothéties fractales de Mandelbrot, dans l'harmonie des phases d'onde
de Louis
de Broglie. L'importance
des corrélations de fréquences et de phases dans
la stabilité des structures, dans leur mouvement et dans
l'accélération
gravitationnelle vient seulement d'être mise en évidence par la Rythmodynamique de Yuri Ivanov. Les
résonances harmonieuses sont à l'origine des corrélations
dans la formation des structures
dissipatives de Ilya Prigogine. Les
proportions et résonances harmonieuses sont à l'origine de
toute adaptation par auto-organisation. Elles font de l'univers un hologramme. PostéritéLa philosophie de Platon a occupé les esprits depuis l'antiquité jusqu'à la fin de la Renaissance. Elle a été repensée et précisée par les néoplatoniciens du IIIe siècle qui influencèrent la conception de la trinité chrétienne. Elle resta prédominante en Europe occidentale jusqu'à la Renaissance et son influence persiste dans les milieux orthodoxes de l'Europe orientale. La logique de complémentarité des contraires et l'analogie constituent une manière naturelle de penser; Elles ont existé de tous temps et ont été prédominantes dans les traditions initiatiques, avant l'écriture. Platon a été le premier à expliquer cette logique dans ses écrits. C'est seulement à partir du XIIIe siècle que la scolastique reprit et adopta progressivement la philosophie aristotélicienne révisée du dominicain Thomas d'Aquin. La logique d’intolérance de la contradiction d'Aristote, exigeant la vérité unique, servit à justifier les dogmes de l'Eglise, mais aussi ceux de la Réforme et les guerres de religion. Elle se prolongea dans le monde moderne dans l'empirisme scientifique. Elle est finalement à l'origine du dualisme opposant matière et esprit, science et tradition. Les découvertes nouvelles en physique ou en biologie, surtout les paradoxes et les symétries des propriétés quantiques, obligent à tenir compte des niveaux platoniciens de la connaissance: La logique aristotélicienne d’exclusion des contraires s’applique au simple constat du phénomène observable. La logique platonicienne de complémentarité des contraires est, applicable à la formulation du devenir et du fonctionnement intelligible. |