Chapitre IX
Un modèle universel des systèmes physiques et
biologiques
Récapitulation critique.
Le "modèle
d'intégration fonctionnelle" (MIF) des systèmes
ouverts repose en partie sur les thèmes épistémologiques qui sont un
développement du postulat fonctionnel et en partie sur les principes
philosophiques des médecines traditionnelles orientales, à savoir leurs
théories des éléments et la théorie des humeurs de l'ayurvéda. Le
lecteur a pu
se demander à juste titre ce que cet amalgame théorique peut avoir en
commun
avec la réalité scientifique. Pour répondre à cette objection et pour
prouver
la validité de ce modèle, les développements logiques qui ont conduit à
ces
conclusions vont être brièvement résumés. Ensuite une interprétation
rationnelle et scientifique
pourra aussi
être donnée à ces "humeurs" de la médecine védique et la conformité
du modèle avec les lois de la physique pourra être vérifiée. Toute la
démonstration a été fondée sur les nouvelles bases axiomatiques
qui résultent des découvertes scientifiques les plus récentes de la
physique
théorique et des sciences cognitives, et qui s'écartent aussi bien de
la
logique aristotélicienne classique que du positivisme réductionniste et
déterministe. Un premier axiome est la logique de la complémentarité
des
contraires, le principe d'antagonisme que Lupasco a déduit des
développements
de la physique quantique et qui s'oppose à la logique du principe de
non-contradiction et du tiers exclu. Selon la conception des niveaux de
la
connaissance de Wilber, cette logique classique n'est applicable qu'au
niveau
concret de l'observation du phénomène, alors qu'au niveau abstrait du
raisonnement déductif, qui est aussi celui des équations mathématiques,
le
fonctionnement des systèmes est toujours soumis aux règles de la
logique des
antagonismes. Un autre axiome est inspiré de l'hypothèse du
"bootstrap", selon
laquelle le
monde doit être expliqué par la cohérence des interactions énergétiques
et non
pas par des entités telles que la matière. Celle-ci est donc considérée
comme
une simple condition de notre expérience du monde, comme un paramètre
au même
titre que l'espace et le temps. La conséquence
logique de ces axiomes est que tout phénomène actualisé
doit être défini comme fait observable par trois aspects fondamentaux:
sa
composition matérielle, sa grandeur ou forme spatiale et sa présence ou
évolution temporelle. Par ailleurs chaque fonction ou interaction doit
être
définie par un antagonisme, une paire de forces ou d'états à la fois
contraires
et complémentaires, représentant un potentiel. La connaissance est
considérée
elle-même comme une fonction définie par la relation indissociable des
antagonistes
sujet et objet; ce qui signifie que toute connaissance a, du point de
vue
subjectif, un contenu ou un sens, mais suppose, du point de vue
objectif, un
conditionnement par la matière, l'espace et le temps. Sur la base de
ces axiomes, le problème fondamental de la biologie,
celui de la vie, se présente sous forme du postulat suivant: L'être
vivant,
considéré non plus comme une entité matérielle mais comme un système,
un
ensemble fonctionnel, doit nécessairement assurer son existence grâce à
une
triple fonction d'adaptation à
l'environnement qui maintient sa composition
matérielle, sa forme
spatiale et sa permanence dans le temps. Ces trois fonctions
primordiales ont
été définies par des antagonismes représentant la signification
fonctionnelle,
donc le sens subjectif pour l'être vivant, de la matière, de l'espace
et du
temps: Masse-énergie
ou Substantialité-Dynamisme
pour la matière, Ensemble-parties
ou Continuité-Discontinuité
pour l'espace, Passé-futur
ou Détermination-Indétermination
pour le temps. Ces
antagonismes sont en réalité l'expression de nouvelles conceptions
qui se sont imposées aux sciences sur la base de faits scientifiques
indiscutables et qui dépassent les principes fondamentaux de la méthode
scientifique classique. La première complémentarité est celle de la
théorie de
la relativité, la seconde, qui correspond à la pensée systémique non
réductionniste, relève de la physique des quanta et de la topologie;
enfin la
troisième complémentarité s'oppose au déterminisme mécaniste par
l'introduction
des notions de l'indétermination et du hasard qui se sont imposées
aussi bien
en physique quantique que dans la thermodynamique irréversible étudiant
le
comportement des systèmes chaotiques et des "structures dissipatives"
de Prigogine, qui sont à l'origine des processus d'auto-organisation,
de
l'émergence d'ordres complexes nouveaux. La comparaison
des conséquences de ce postulat avec la réalité
physiologique montre que ces fonctions, appelées désormais homéostasie,
hétérostasie et téléostasie, correspondent à des structures
biochimiques,
cytologiques et embryologiques dont les propriétés spécifiques sont en
rapport
avec les trois propriétés des champs électromagnétiques: l'intensité ou
amplitude, la polarisation et la fréquence vibratoire. Cette
conception de l'être vivant en tant que système ouvert,
fonctionnant par l'interaction des propriétés de son champ énergétique
avec
l'environnement, conduit à une nouvelle manière d'expliquer l'évolution
et
l'auto-organisation biologique. D'autre part, de l'idée de Piaget,
selon
laquelle les mêmes systèmes auto-régulateurs se retrouvent sur tous les
paliers
du fonctionnement, depuis le génome jusqu'à la conscience humaine, on
peut
tirer la conclusion que les termes antagonistes qui définissent les
fonctions
primordiales constituent aussi, en raison d'une nécessité ontologique,
les
structures fonctionnelles de la conscience, de la raison humaine qui
peut être
considérée comme la
forme la plus
évoluée de l'auto-organisation biologique. L'interprétation de ces six
termes
comme thèmes épistémologiques fondamentaux constitue un pas décisif
vers un
langage transculturel capable de faire comprendre les théories
traditionnelles. L'étude du
symbolisme des médecines traditionnelles orientales permet en
effet d'établir des homologies entre
ces
thèmes épistémologiques et les éléments traditionnels. Cette
démonstration des
équivalences fait découvrir que, selon la philosophie védique, les
éléments (ou
thèmes) se regroupent deux par deux pour former trois synergies, trois
synthèses
de qualités ou de propriétés fonctionnelles: les trois Doshas ou
"humeurs" traditionnelles de l'ayurvéda. De la synthèse entre les
trois antagonismes et ces trois synergies résulte finalement le "modèle
d'intégration fonctionnelle", réunissant sciences et traditions sous la
forme d'une théorie fonctionnelle générale des systèmes ouverts.
Jusqu'à
l'interprétation épistémologique des éléments traditionnels, les
développements
logiques s'appuyaient toujours sur une argumentation rationnelle basée
sur des idées
nouvelles, certes, mais d'origine occidentale et scientifique. Ces
humeurs,
empruntées à une philosophie antique et orientale pour former ce
modèle,
introduisent par contre une
conception
traditionnelles qui paraît mythique et irrationnelle. Une explication
rationnelle est cependant possible, si l'on étudie le sens symbolique
des
thèmes épistémologiques qui forment ces synergies. Interprétation
des
synergies de thèmes (ou Doshas).
Pour comprendre
la signification des trois Doshas, il faut se rappeler
les nouvelles conceptions de l'organisation biologique et de son
évolution par
auto-organisation. Il a été démontré
au
chapitre que
les conditions de
fonctionnement des systèmes ouverts peuvent être représentées par la
conjonction des trois antagonismes définissant les fonctions
primordiales avec
trois processus énergétiques autocatalytiques: la cristallisation, les
résonances, et les "structures dissipatives" de Prigogine. Il suffit
de comparer les thèmes homologues aux deux éléments qui forment chaque
Dosha,
pour constater que ces derniers désignent les propriétés fondamentales
qui
découlent de ces processus énergétiques. Le principe Kapha correspond
à L'humeur Pitta unit L'humeur Vata est formée du
thème Discontinuité, signifiant la
multitude en désordre: le système chaotique, et de l'Indétermination
correspondant au hasard. Ces thèmes sont ceux des
structures dissipatives de I.
Prigogine qui émergent du chaos par suite d'influences aléatoires et
qui
expliquent donc la thermodynamique irréversible des systèmes ouverts et
l'auto-organisation biologique, l'évolution vers des formes plus
complexes et
l'imagination créatrice. Dans Cette
interprétation confère à la philosophie védique une actualité
surprenant, car elle signifie que les trois Doshas, principes de la
manifestation, correspondent, sur le plan physique, à trois phénomènes
-
cristallisation, résonance, et "structures dissipatives" - qui, selon
les conceptions les plus récentes, peuvent expliquer l'organisation
biologique.
Cette interprétation du MIF présente l'organisation fonctionnelle des
systèmes
ouverts comme un couplage de trois feedbacks négatifs, les trois
fonctions
primordiales, avec trois feedbacks
positifs, les trois synergies qui signifient en effet tous des
processus
autocatalytiques. Ces processus physiques sont en effet à l'origine des
propriétés fondamentales de la vie. La cristallisation, ou plutôt la
formation
analogue de liaisons biochimiques covalentes, permet la reproduction
invariante
des mêmes structures et par conséquent la conservation des formes
biologiques.
Les résonances produisent des champs d'interférence, des champs
énergétiques ou
morphogénétiques, qui dirigent l'activité cohérente et la croissance.
Enfin la
formation de "structures dissipatives" signifie l'augmentation de la
complexité par auto-organisation et
permet l'évolution, l'adaptation et la connaissance. Les trois
Doshas correspondent donc sur le plan physique à trois
processus autocatalytiques qui sont
responsables des trois qualités essentielles de la
vie: la conservation,
l'activité cohérente et l'adaptation. Mais ces processus
autocatalytiques sont
à l'origine aussi de trois aspects complémentaires qui expliquent le
fonctionnement des systèmes ouverts et par conséquent l'organisation
biologique: la structure, le champ énergétique et l'auto-organisation.
(Fig.
11) La structure qui est
maintenue
par la reproduction invariante des mêmes formes adaptées, sous
condition d'un
apport de substances adéquates, se manifeste par l'inertie de sa masse
ou
Substantialité et par Interprétation scientifique
Le champ
énergétique ou morphogénétique qui se constitue, comme
réseau continu
d'interférences, par
résonance avec les énergies en provenance de l'environnement, manifeste
aussi
bien le Dynamisme que la cohérence ou Continuité du système. Il est la
cause
efficiente de toute activité dirigée ou cohérente. L'auto-organisation,
l'ordre complexe qui émerge du chaos, comme les
"structures dissipatives", grâce à des influences extérieures
aléatoires mais cohérentes, qui représentent des
informations, résulte à la fois de la
multiplicité ou Discontinuité des parties relativement indépendantes et
de
l'Indétermination, du potentiel de nouveaux rapports plus complexes que
cette
multiplicité implique. Elle est, en tant
que pouvoir d'adaptation, la cause finale qui
confère aux êtres vivants
leur flexibilité ou mobilité et leur capacité d'apprendre et d'innover. Les trois
aspects du système sont complémentaires; ils sont à la fois
contraires et inséparables. En effet, chacun d'eux est en relation
contradictoire par ses deux facettes qualitatives avec les deux autres
aspects;
et pourtant ces aspects et leurs six qualités sont indissociables. Ils
ne
représentent pas des parties composantes mais des manifestations,
différentes
selon le point de vue de l'observateur seulement, d'une réalité unique,
celle
du fonctionnement global du système. Ils ne sont donc à vrai dire que
des
éléments logiques, des catégories de notre raison, c'est-à-dire des
principes
épistémologiques. Le schéma (Fig.
11) montre que le "modèle d'intégration
fonctionnelle" (MIF) des systèmes ouverts, qui a été initialement
déduit
des relations des Doshas avec les éléments, peut être interprété de
façon
parfaitement rationnelle et que ces "humeurs" traditionnelles ne sont
finalement pas indispensables pour aboutir à ce modèle, puisque tous
les thèmes
épistémologiques et leurs relations mutuelles peuvent être déduits de
conceptions modernes de l'organisation biologique, qui tiennent compte
des
propriétés des champs énergétiques et des phénomènes
d'auto-organisation. En
revanche, la conformité des théories traditionnelles avec les
découvertes scientifiques
modernes prouve que les anciens possédaient des connaissances fort
intéressantes en ce qui concerne les relations globales des systèmes et
des
phénomènes, des conceptions qui doivent donc être prises au sérieux. Dans ce
contexte, il faut cependant remarquer que ce schéma
bidimensionnel n'est pas la seule possibilité de représenter les
relations
entre les thèmes. On pourrait notamment imaginer les antagonismes comme
trois
axes perpendiculaires dans une figure à trois dimensions. Il est
possible aussi
de former d'autres paires de thèmes que les antagonismes et les
synergies du
modèle. Parmi celles-ci, il faut signaler les niveaux d'énergie de la
théorie
chinoise des méridiens, qui ont des significations antagonistes par
rapport aux
Doshas et représentent des diagonales dans le MIF (Fig. 14). Ils jouent
sans
doute un rôle complémentaire dans l'équilibration du système. Mais à
côté de
celles-ci il existe d'autres paires de thèmes possibles qui n'ont pas
été
retenues par L'origine épistémologique des expressions quantitatives.(Paragraphe et schéma modifié et résumé) Relativité matière-espace-temps Le
modèle systémique est une représentation épistémologique de la relativité
matière-espace-temps. Dans la discussion des antagonismes fondamentaux, les
correspondances des unités de mesure fondamentales avec les thèmes antagonistes
ont été clairement définies. Dans le schéma suivant, les synergies ou
propriétés fondamentales sont représentées par les secteurs V, P et K
(initiales de Vata, Pitta et Kapha). Les unités de mesure sont leurs rapports
inverses. La formule banale V/P * P/K * K/V = 1 représente la
corrélation des rapports entre les 3 secteurs. Elle peut être développée de la
manière suivante: P/K = P/V * V/K; (P/K)2
= (P/V)2 * (V/K)2 =
(PV)2 / (K/V) qui peut s'écrire P/K
= K/P *(PV)2 / (K/V)2 et en remplaçant
les rapports par les unités de mesure correspondantes: E = m * d2 / t2 Comme d/t est une
vitesse, cette formule correspond à la définition de l'énergie cinétique, et si
l’on applique la vitesse de la lumière c, on obtient la formule d’Einstein: E
= m * c2 Cette
démonstration a les conséquences suivantes: ·
Le modèle est compatible avec les
définitions des unités de mesure et avec la théorie de la relativité. Il doit
donc être applicable à d’autres théories de la physique. ·
L’ordre des thèmes est ainsi confirmé
de manière univoque. ·
Les antagonismes sont des grandeurs
inverses et peuvent être exprimés par des logarithmes. Elle confirme en même temps l'hypothèse du
physicien A.S. Eddington, selon qui
"...toutes les lois de la nature habituellement considérées comme
fondamentales peuvent être entièrement prévues par des considérations
épistémologiques" (4). Elle indique aussi les clefs pour une
traduction en termes mathématiques du "modèle d'intégration
fonctionnelle" et par conséquent pour d'autres vérifications ou
applications sur le plan de la physique Le MIF et la pensée
systémique
L'interprétation
du MIF sur le plan de la physique ne doit pas être
prise pour un nouveau réductionnisme, mais doit être comprise dans le
contexte
de la pensée systémique. Ce qui permet de réunir tous les systèmes dans
une
conception globale, ce ne sont pas des significations communes, mais
une
structure fonctionnelle ou épistémologique commune, selon laquelle les
significations sont organisées. Ludwig von Bertalanffy a présenté le
problème
de la manière suivante: "La conception moderne de
la réalité, la présente comme un gigantesque ordre hiérarchique composé
d'êtres
organisés qui mène, par la superposition de nombreux étages, des
systèmes
physiques et chimiques aux systèmes biologiques et sociologiques.
L'unité de la
science est obtenue, non pas par une réduction utopique de toutes les
sciences
à la physique et à la chimie, mais grâce aux uniformités structurelles
qui
existent entre les différents niveaux de la réalité." (5) Le MIF
représente cette "uniformité structurelle" (qu'il
conviendrait plutôt de qualifier de fonctionnelle), commune à tous les
niveaux
de la hiérarchie des systèmes,
et qui
est la base des relations homologiques ou analogiques qui relient les
significations,
différentes selon les niveaux. Dans cette hiérarchie, chaque système, à
n'importe quel niveau, est composé de systèmes de niveau inférieur, qui
sont
ses parties composantes et qu'il organise, et il est lui-même une
partie
composante d'un système de niveau supérieur par lequel il est organisé.
La
réalité émerge donc de la complémentarité entre composition et
organisation et
chaque système existe par les relations qu'il entretient avec les
autres
systèmes de tous les niveaux. Cela fait qu'un système comprend tous les
niveaux
inférieurs dont il est composé, mais qu'il ne peut pas comprendre les
niveaux
supérieurs dont il est seulement une partie composante. Le MIF est
l'expression
à la fois des interactions qui relient chaque système aux autres
systèmes de
tous les niveaux, et du résultat de ces interactions: les aspects
manifestés du
système. Les trois types
d'interactions ou
"ouvertures" du système.
1. Les
relations avec les systèmes d'ordre inférieur sont celles de
l'apport nécessaire de matière première ou d'énergie. Il s'agit de
l'ouverture sur
2. Les
relations avec les systèmes de même niveau sont celles des
rapports cybernétiques avec l'environnement, des échanges d'actions et
d'informations entre le système individuel et la multitude des autres
systèmes.
Elles doivent être classées dans la fonction d'équilibration concernant
l'espace: l'hétérostasie. Cet antagonisme fonctionnel se situe sur le
plan
physiologique entre l'action cohérente du sujet ou centre et la
perception d'informations
de l'environnement, de la multiplicité périphérique, ces informations
étant
considérées ici comme l'expression d'une réaction de l'environnement,
donc des
autres systèmes, à l'activité du sujet. L'antagonisme unité
individuelle -
multiplicité périphérique qui définit cette fonction est en effet
l'homologue
de l'antagonisme action-sensation au niveau physiologique et correspond
aux
circuits autorégulateurs classiques. 3. Les
relations avec les systèmes d'ordre supérieur qui organisent le
système, non pas par l'apport d'énergies, mais par celui
d'informations,
constituent cette fonction appelée téléostasie qui a été définie, comme
le
temps, par l'antagonisme Détermination-Indétermination. Cette fonction
peut
être représentée aussi par la complémentarité entre structure et
information
ou, selon les termes de E. Guillé, par la complémentarité entre support
vibratoire et énergies vibratoires. L'information est considérée ici
comme une influence
cohérente de l'environnement
qui prend une signification et, par conséquent, devient une information
par la
résonance qu'elle induit avec les supports vibratoires préexistants.
Ces
informations, en partie aléatoires, imprévues parce qu'elles ne
proviennent pas
du système lui-même mais de l'ensemble dans lequel il est intégré comme
partie
composante, constituent donc une "ouverture" sur un niveau d'ordre
supérieur par lequel il est organisé. L'Indétermination, le hasard, est
en
effet, selon les théories actuelles de l'auto-organisation biologique,
le vrai
moteur de l'évolution qui conduit les systèmes biologiques vers une
complexité
et un perfectionnement croissants,
ce
qui signifie une adadptation, mais aussi une libération de certains
déterminismes antérieurs et une progression constante qui mène l'être
vivant de
l'assujettissement par Les trois propriétés ou
aspects
manifestés du système.
Alors que les
trois antagonismes du MIF indiquent des interactions ou
ouvertures du système, les trois synergies de thèmes désignent le
résultat de
ces interactions sous forme de trois propriétés fondamentales des
systèmes
ouverts et par conséquent de trois
aspects complémentaires,
qui sont
indissociables dans la réalité, bien que leur caractère contradictoire
ne
permette pas à notre entendement d'en saisir plus d'un à la fois. 1. La formation
des structures par assimilation de substances adéquates
prises dans l'environnement, et par leur assemblage dans le processus
de
reproduction invariante, assure non seulement la stabilité et la
conservation
du système mais aussi la fiabilité de son fonctionnement. Toute
structure
représente en effet une mémoire, qui est l'histoire de sa propre
formation
comme système ou ensemble fonctionnel. Construite et organisée par les
événements du passé, elle représente aussi un ensemble de propriétés,
donc de
programmes d'action déterminés. Cet aspect structural de l'être vivant
est
celui qui a retenu l'attention de la biologie moléculaire. 2. Le champ
énergétique, maintenu grâce à l'apport continu d'énergies
adéquates de l'environnement (principalement celles apportées par les
substances nutritives et libérées par le métabolisme), capables
d'amplifier par
résonance les champs d'interférence associés aux structures
préexistantes, est
à l'origine de toute transformation ou activité cohérente, donc aussi
de la
croissance. Mais ces champs énergétiques ne peuvent pas être réduits
aux
modèles physiques simples, car, à l'instar des structures biologiques
dont ils
sont complémentaires, ils forment une hiérarchie très complexe de
champs et de
fréquences. Il vaut donc mieux parler, comme Sheldrake, de champs
morphogénétiques. Cette hiérarchie du champ morphogénétique repose sur
le fait
que le champ de chaque structure subordonnée doit nécessairement être
en harmonie
avec le champ de l'organisme entier, notamment du point de vue des
polarités et
des fréquences vibratoires. L'alignement et l'harmonisation des champs
partiels
par rapport au champ total sont à l'origine du caractère holographique
des
systèmes vivants, où l'état fonctionnel de la partie reflète l'état
fonctionnel
de l'organisme entier. Sheldrake démontre que cette propriété
holographique du
champ morphogénétique explique le mouvement, la croissance et la
réparation
tissulaire. (6) Le MIF est donc
une représentation parfaitement cohérente des
interactions et des aspects complémentaires des systèmes ouverts,
applicable aussi
bien aux systèmes physiques qu'aux systèmes biologiques les plus
complexes dont
la conscience humaine est la forme la plus évoluée. La validité du
modèle est
universelle parce qu'il se fonde uniquement sur les conditions
ontologiques du
système qui résident dans son interconnexion avec ces trois niveaux,
dont
dérivent les notions de matière, d'espace et de temps. Notes
bibliographiques. (1) B. Nicolescu, "Nous,
la particule et le monde", p. 92. (2) ibid. p. 79 et suivantes. (3) L. von Bertalanffy,
"Théorie générale des systèmes", p. 22 et 23. (4) A.S. Eddington, cité par
B. Nicolescu, ibid., p. 37-39. (5) L. von Bertalanffy,
ibid., p. 85. |