Chapitre
IV
Evolution
par auto-organisation
L'évolution
biologique est en général
considérée comme un défi pour les
sciences en raison
du second principe de la thermodynamique, selon lequel tout
système ou composé
hétérogène serait voué
à une décomposition progressive avec
transformation
graduelle de son énergie potentielle en chaleur. Le
résultat inéluctable en
serait la mort thermodynamique, un état
d'équilibre thermique appelé entropie.
Comment
la vie est-elle possible dans ces conditions ? - Les
théories
vitalistes
invoquaient l'intervention d'un principe créateur, alors que
les
théories
mécanistes, en particulier la théorie
néo-darwinienne généralement admise
aujourd'hui, prétendent expliquer l'évolution par
des
mutations au hasard et
par la sélection naturelle. La conception
cartésienne,
mécaniste et
réductionniste, interdit en effet de penser qu'un ordre
nouveau
et supérieur
puisse surgir du système lui-même, et une cause
extérieure créant un ordre
selon une finalité est inconcevable parce que les
propriétés de l'ensemble
doivent être expliquées uniquement par les
propriétés des parties. La théorie
néo-darwinienne est pourtant très insuffisante
pour
expliquer les phénomènes
d'adaptation et d'évolution. Les mutations
spontanées
sont le plus souvent délétères,
quant à la sélection, elle opère, elle
aussi, par
destruction; les deux mènent
donc plutôt vers la décomposition. Ces
mécanismes
ne peuvent pas expliquer les
sauts évolutifs révélés par
la
paléontologie, qui ont été
provoqués sans
doute
par de brusques changements des conditions climatiques et
d'environnement sur
la planète et qui supposent donc un pouvoir d'adaptation
rapide
des êtres
vivants.
Des
publications récentes font apparaître cependant de
nouvelles conceptions qui ne
sont ni vitalistes ni totalement mécanistes, mais qui voient
la solution du
problème dans les relations fonctionnelles qui lient
l'être vivant à son
environnement physique. Ces idées nouvelles viennent aussi
bien de la physique
et des nouvelles sciences cognitives que de la biologie.
Théorie
de l'information et
auto-organisation
Henri
Atlan a
étudié l'évolution du point de vue de
la théorie de l'information. A
l'origine, cette science servait à élaborer des
méthodes pour calculer la
quantité d'informations qu'un système
électronique est capable de transmettre,
de traiter ou de stocker, ainsi que ses capacités
à corriger les erreurs de
transmission désignées par le terme de bruit.
Dans cette théorie,
l'organisation du système est
représentée par le rapport entre la
quantité des
informations réellement
contenues dans
le système et la capacité totale, la
quantité maximale d'informations que le
système est capable de traiter. La capacité de
réserve non utilisée, la
redondance, peut servir à éliminer les bruits.
Selon Atlan,
l'auto-organisation repose donc
sur la complémentarité entre une
mémoire, une certaine quantité d'informations
préexistantes, qui mesure la complexité du
système, et une redondance initiale
supposée très grande. Cette dernière,
en tant que capacité résiduelle, sert
à
utiliser systématiquement les bruits aléatoires
de l'environnement, en les
ajoutant aux informations déjà contenues dans le
système, ce qui augmente sa
complexité ainsi que sa fiabilité et constitue
donc un processus
d'auto-organisation. D'autre part Atlan a calculé qu'une
complexité minimale,
donc une quantité minimale d'informations
préexistantes, est nécessaire pour
qu'un système soit capable d'auto-organisation. Mais tout
ceci se passe au
détriment de la redondance et lorsque celle-ci
s'épuise, apparaissent le
vieillissement et la mort.
Cette
approche de l'auto-organisation est très
intéressante, mais sa validité reste
limitée par le fait que l'organisation biologique y est
réduite à une voie
linéaire unidirectionnelle, comme cela est toujours le cas
dans les systèmes
électroniques dirigés par un microprocesseur. La
complexité biologique par
contre se compose de réseaux d'interconnexions
temporo-spatiales
qualitativement diverses, simultanées et inversables de tous
les éléments
composant l'ensemble.
L'ordre
émergeant du chaos.
De
telles relations non linéaires sont impliquées
dans les phénomènes appelés
"structures dissipatives", dans l'apparition d'un ordre à
partir du
chaos d'un système thermodynamique ouvert,
c'est-à-dire soumis à un apport
d'énergie. Ce
phénomène physique est
décrit par I. Prigogine et I. Stengers dans leur livre
"Entre le Temps et
l'Eternité". (Ilya Prigogine a reçu le prix Nobel
en 1977 pour avoir
élucidé ces phénomènes).
Les auteurs font remarquer que le second principe de
la thermodynamique n'est applicable qu'à des
systèmes fermés où les conditions
d'expérimentation sont toujours choisies de telle
façon que le comportement des
unités composant le système devient
incohérent. Un milieu par contre qui est
éloigné de l'équilibre thermodynamique
par un apport d'énergie, comme celui
dans lequel se déroulent les tourbillons de
Bénard, "devient le siège de
corrélations intrinsèques
à longue
portée" (1). En effet, lorsqu'on soumet une mince couche de
liquide en
équilibre à une différence de
température en chauffant
de façon régulière
la surface inférieure, il
se produit brusquement un ordre symétrique de tourbillons
disposés régulièrement,
comme les alvéoles dans un nid
d'abeilles. La différence de
température entre
la surface libre et le fond rend
le système instable, de sorte que la force de
gravité, négligeable
à l'état d'équilibre, fait
apparaître des courants de convection.
Les
auteurs présentent d'autres exemples de ces
systèmes chaotiques qui sont le
siège de l'apparition d'un ordre nouveau et
résument ainsi ce que leur théorie
implique pour l'étude de l'organisation biologique:
"Loin de l'équilibre, les processus
irréversibles sont donc source de cohérence.
L'apparition de cette
activité cohérente
de la matière - les
structures dissipatives - nous impose un nouveau regard, une nouvelle
manière
de nous situer par rapport au système que nous
définissons et manipulons. Alors
qu'à l'équilibre et près de
l'équilibre, le comportement du système est, pour
des temps suffisamment longs, entièrement
déterminé par les conditions aux
limites, nous devrons désormais lui reconnaître
une certaine autonomie qui
permet de parler des structures loin de l'équilibre comme de
phénomènes
d'auto-organisation." (2)
L'apparition
de ces activités cohérentes, appelées
"structures dissipatives", dans
des systèmes éloignés de
l'équilibre, peut donc être
considérée comme un
processus d'auto-organisation, ce qui ouvre la voie vers de nouvelles
hypothèses expliquant l'évolution. L'éloignement
du système de l'état d'équilibre le
conduit vers des états
dynamiques dont l'évolution est imprévisible et
irréversible. Si, par exemple,
on lâche une bille avec son centre de gravité
théoriquement juste au-dessus de
la tranche d'une lame de rasoir, il n'est pas possible de
prédire, de quel côté
elle va tomber. En répétant
l'expérience indéfiniment, les deux
possibilités
surviennent avec une probabilité
égale
ou symétrique. Il suffit alors d'une cause
aléatoire normalement insignifiante,
telle que par exemple un courant d'air minime, pour briser cette
symétrie des
probabilités, et pour que la bille tombe donc plus souvent
d'un côté que de
l'autre.
Les
systèmes ouverts, qui sont éloignés de
l'état d'équilibre par apport
d'énergie,
atteignent de tels états appelés bifurcations,
où se présentent deux ou
plusieurs possibilités d'évolution
également probables. L'examen de tels points
de bifurcation a révélé qu'ils
dépendent d'un certain degré de
liberté des
mouvements du système, qui peut être
formalisé par un paramètre de contrôle
ou
paramètre d'ordre. Lorsqu'un système ouvert
atteint une bifurcation, il devient
sensible à des influences normalement
insignifiantes pour autant que celles-ci soient
cohérentes; il suffit en
effet qu'elles aient une orientation précise, comme la force
de gravité ou le
courant d'air dans nos exemples, pour pouvoir briser la
symétrie des
probabilités et pour déterminer ainsi, si
l'évolution du système sera dirigée
vers l'une de deux possibilités plutôt que vers
l'autre. Le système retrouve
finalement un nouvel état d'équilibre qui peut
être aussi bien un état de repos
qu'un mouvement périodique ordonné. Les
états finaux ont été
appelés
"attracteurs", parce qu'ils attirent en quelque sorte
l'évolution du
système.
Ces
phénomènes ont été
formalisés mathématiquement
par René Thom.
Sa théorie des catastrophes, qui a conduit vers une nouvelle
conception de
l'évolution des systèmes ouverts, part du fait
qu'un tel système peut parcourir
plusieurs de ces zones d'instabilité, modifiant ainsi
graduellement son
comportement de manière qualitative. D'autre part la
formulation mathématique
de ces comportements a permis de démontrer que
l'évolution irréversible des
systèmes ouverts peut dépendre de plusieurs
degrés de liberté ou paramètres de
contrôle. Il s'agit là d'alternatives dans une
évolution, dont l'issue est
imprévisible. Lorsqu'un système
présente plus de deux ou trois paramètres de
contrôle, son évolution n'aboutit plus
à un état d'équilibre stable (un
attracteur) mais devient indéterminable, chaotique (3).
Comme de telles
évolutions indéterminées peuvent
être formalisées par des équations
mathématiques apparemment déterministes, on parle
aussi de chaos déterministes.
Le
chaos déterministe qui est à l'origine de
l'auto-organisation, se caractérise
donc par un désordre, une incohérence spatiale et par une
indétermination du comportement, donc de
l'évolution
temporelle, qui peuvent conduire vers un ordre nouveau, sous condition
d'un
apport d'énergie et d'influences minimes, dites
aléatoires, mais qui sont
cohérentes, c'est-à-dire
qui donnent une
orientation au système, raison pour laquelle on peut les
considérer comme des
informations.
L'organisation par
le champ
énergétique.
Le
biophysicien F.-A. Popp, qui
étudie
l'organisation biologique sous l'angle de la physique quantique,
insiste
également sur l'importance des chaos
déterministes et des structures
dissipatives dans l'apparition de formes biologiques complexes.
Cependant il
précise qu' "il ne faut pas s'imaginer que n'importe quel apport d'énergie suffit pour faire
émerger un
ordre du chaos. Un système qui ne contient
pas déjà des structures ou/et qui n' en
reçoit pas par les conditions et la
nature de l'apport d'énergie, ne peut
pas construire de structures nouvelles" (4). Selon
les conceptions
de Popp, l'organisation du système, et par
conséquent l'ordre de ses
structures, résulte de l'interaction de quanta
d'énergie, donc de photons
cohérents. Par cohérence, le physicien entend la
capacité d'interférence. Un
système cohérent représente pour Popp
un champ d'interférences
électromagnétiques, un champ où des
corrélations, donc des résonances,
apparaissent sur de plus grandes portées, à des
distances ou intervalles
réguliers. Il le désigne aussi par le terme de
champ de photons, les photons
cohérents étant des quanta de lumière
qui sont en corrélation de phase, de
fréquence et de polarisation, ce qui leur donne les
propriétés des rayons
laser. Popp a
démontré que les
macromolécules d'ADN ont des
propriétés quantiques
remarquables, permettant le stockage et
l'émission contrôlée de photons
cohérents. Ces photons sont donc
échangés entre
structures moléculaires pour constituer ce champ
d'interférences qui réalise la
cohérence et l'unité du système, et
aussi pour diriger chaque réaction biochimique.
Un photon cohérent au minimum suffit en effet pour activer
un complexe
intermédiaire dans une réaction enzymatique. La
fourniture contrôlée de photons
cohérents adéquats permet ainsi
d'accélérer la vitesse de la réaction
(5). Dans
le réseau d'interférences ordonnées du
champ énergétique, les structures
biologiques, complexes et instables, sont maintenues dans un
équilibre
dynamique entre ce qui se crée et ce qui se perd. Par
conséquent le
fonctionnement des systèmes biologiques ne doit pas
être déduit de leurs
structures seules, mais aussi des propriétés des
champs énergétiques
complémentaires de ces structures. Ainsi le dynamisme du
champ énergétique est
à l'origine non seulement de toute activité ou
transformation biologique, mais
aussi de la cohérence structurale et
énergétique du système, donc de son
unité.
Beaucoup
d'hypothèses scientifiques actuellement très
populaires sont fondées sur la
présupposition que les êtres vivants fonctionnent
comme des champs
énergétiques.
Dans
son livre, "Une nouvelle science de la vie", le biologiste R.
Sheldrake attribue l'organisation biologiques à un
"champ
morphogénétique", qui engloberait tous les champs
énergétiques associés
aux êtres vivants, et qui serait ainsi la cause de toutes les
formes
biologiques. Il désigne ce champ comme une
"causalité formative" pour
le distinguer du type de champ énergétique connu
et manipulé par la physique.
Il ne lui donne en effet pas le sens d'une énergie mais
plutôt celui d'un
"projet" et lui attribue le pouvoir de produire des effets
immédiats
à n'importe quelle distance, des effets qui ne sont donc pas
soumis à la
limitation par la vitesse de la lumière. Cette conception
s'appuie sur des
théories de la physique quantique (les
corrélations d'Einstein-Rosen-Podolsky
et le théorème
de Bell) qui ont été
utilisées pour réduire les
événements quantiques spontanés et
aléatoires à des
"causes non locales". Mais ces théories quantiques ont un
sens très
différent de celui d'une causalité au sens
classique du terme (6), et il est douteux
que la confusion des niveaux de la physique avec ceux de l'esprit et
l'extrapolation des lois de la mécanique
quantique aux comportements de l'univers et de
l'esprit signifie
vraiment un progrès pour la compréhension globale
de l'organisation biologique.
L'existence d'une origine ou cause transcendantale, se situant
au-delà de
l'espace et du temps, ne peut certes pas être
écartée a priori. Il semble
cependant que les champs énergétiques locaux
devraient suffire pour expliquer
les phénomènes biologiques et même
certains phénomènes psychologiques et cela
de la façon même que Sheldrake
invoque pour expliquer la croissance et la production des formes
biologiques
par le champ morphogénétique.
En
effet, même si l'on écarte l'idée de Sheldrake
d'une causalité formative transcendant l'espace et le temps,
on doit admettre
qu'un champ morphogénétique n'est pas comparable
aux modèles physiques de
champs, et ceci en raison de sa complexité. Un champ
morphogénétique doit être
considéré comme une résultante ou
émergence de tous les champs. quantiques,
électromagnétiques ou gravitationnels, qui
représentent les interactions de
toutes les particules, atomes ou molécules constituant une
structure aussi
complexe qu'un être vivant. Il va de soi qu'une telle
complexité ne saurait
être saisie même mathématiquement.
L'analyse des fréquences composant
l'enregistrement des vibrations sonores d'un grand orchestre jouant une
symphonie serait une entreprise moins frustrante que celle qui
consisterait à
décomposer un champ morphogénétique en
composantes vibratoires isolées (en
supposant que celles-ci puissent être
enregistrées). On sait qu'aucune analyse
mathématique ne saurait rendre compte des
subtilités de l'esthétique de la
musique. La sensibilité musicale étant
elle-même une émergence de
l'organisation biologique, cet exemple fera peut-être
comprendre que l'activité
d'un champ morphogénétique ne peut être
expérimentée valablement que par des
systèmes biologiques. Il constitue un ensemble complexe dont
la signification
ne peut pas être réduite aux fréquences
partielles qui le composent.
Un
autre chercheur en biologie moléculaire, E.
Guillé qui a déjà
été cité au chapitre
précédent, attribue
l'organisation biologique et son évolution à
l'interaction de champs énergétiques. Dans son
livre, "L'alchimie de la
vie", il explique l'auto-organisation par la
complémentarité ou
interaction entre les énergies vibratoires (EV) de
l'environnement et les
supports vibratoires (SV) que constituent les molécules
géantes d'ADN des
chromosomes, qui fonctionnent donc comme des antennes. La
complémentarité du
couple EV-SV peut être interprétée
comme une interaction entre deux champs
énergétiques se manifestant par une
résonance, d'autant plus que Guillé
précise, que les énergies
vibratoires sont caractérisées par leur
amplitude, leur polarisation et leur
fréquence, qui représentent en effet les trois
propriétés fondamentales de tout
champ énergétique.
En
effet, dans la discussion des caractères
spécifiques des trois fonctions
biologiques primordiales il est apparu que celles-ci sont en relation
étroite
avec trois aspects fondamentaux des champs
énergétiques: leur force, intensité
ou amplitude, leurs directions de polarisation et leurs
fréquences vibratoires.
- L'amplitude, l'intensité ou force du
champ,
est en relation causale avec le métabolisme. Elle
résulte du catabolisme en
même temps qu'elle conditionne l'anabolisme.
- La polarisation ou
orientation spatiale du champ est à l'origine de la
morphogenèse, de la
production et du maintien des formes et par conséquent de
l'unité du système
comme le soutient Sheldrake. Elle résulte de structures
polarisantes et
conditionne l'ordonnance de nouvelles structures lors des processus de
croissance et de réparations tissulaires.
- La fréquence
vibratoire du champ est à l'origine de tout effet et de
toute transformation en
raison des phénomènes de résonance
qu'elle implique. Un système est stable si
les fréquences de son champ sont en harmonie avec les
fréquences des champs qui
composent son environnement. Il est instable lorsqu'il y a une
dysharmonie
c'est-à-dire si
des dissonances
apparaissent. L'évolution des systèmes
dépend donc de l'interaction entre
énergies vibratoires et supports vibratoires, selon les
expressions de Guillé.
Ceci
conduit à considérer l'organisation biologique et
son champ énergétique sous
l'angle des complémentarités conditionnant
l'intégrité du système.
Les
complémentarités fondamentales,
conditions de l'auto-organisation.
Le
nombre et la diversité des théories et des faits
scientifiques sont déroutants,
car chacun d'eux
est exprimé dans un
langage différent, propre à une
spécialisation particulière. Alors que la
biologie classique explique encore les êtres vivants et leur
évolution par des
structures biochimiques,
H. Atlan parle d'informations
et de
redondance, I. Prigogine de
structures dissipatives et de chaos déterministes, F.-A. Popp de biophotons et
d'interférences, E.
Guillé d'énergies
vibratoires et de supports vibratoires, et R.
Sheldrake attribue tout à un champ
morphogénétique.
Toutes
ces théories convergent cependant vers une nouvelle
conception systémique de
l'organisation biologique. L'être vivant
est considéré comme un système, comme
un ensemble fonctionnel qui, malgré une
indépendance relative, ne maintient son
intégrité que grâce aux interactions
énergétiques avec l'environnement. Bien qu'il
soit composé de parties, il forme
un tout dont les propriétés ne peuvent pas
être réduites à celles des parties,
et bien qu'il soit déterminé par les structures
héritées du passé, son
évolution sous les influences aléatoires de
l'environnement est par principe
imprévisible. L'être vivant présente
donc des propriétés contradictoires, qui
sont cependant toutes nécessaires pour le
comprendre en tant que système ouvert,
c'est pourquoi on les dit
complémentaires. Selon le physicien H.
Primas, le tout est ce qui ne peut être
décrit que par une multitude de
complémentarités (7). L'organisation globale du
système ne peut donc être
comprise qu'à travers les
complémentarités qui conditionnent son
fonctionnement. Dans les chapitres précédents il
a été établi qu'en fait ces
complémentarités peuvent être
réduites à trois antagonismes primordiaux qui
définissent les conditions de
l'intégrité du système par rapport aux
trois
aspects indispensables pour le définir en tant que
phénomène actualisé: sa
composition matérielle, sa forme spatiale et son
évolution temporelle:
- La complémentarité de la
masse et de
l'énergie est ce qu'en physique on nomme matière.
En biologie, cet antagonisme
représente l'équilibre entre anabolisme et
catabolisme, les deux aspects du
métabolisme qui assurent l'homéostasie.
- La
complémentarité
de l'unité du système avec la multitude de ses
parties est un antagonisme
homologue de celui entre la continuité ou
cohérence et la discontinuité ou
incohérence, car l'unité dépend des
liaisons qui établissent une continuité
entre les parties discontinues. En physique, ces liaisons sont
établies par
des résonances, dans la réalité
physiologique, elles sont assurées par des structures
polarisées, capables de
résonance (membranes, neurones ou fibres de la substance
fondamentale selon
Pischinger et Heine)
qui coordonnent les
rapports entre les sensations provenant de la multiplicité
périphérique et les
réactions protégeant l'unité de
l'organisation centrale. Cet équilibre
fonctionnel, qui maintient à la fois la forme et les
communications spatiales
du système, a été appelé
hétérostasie.
- Enfin la
complémentarité passé - futur qui
définit le temps se traduit pour le système
par l'antagonisme entre la détermination des structures et
mémoires héritées du
passé et l'indétermination de ses comportements
possibles aux influences
aléatoires de l'environnement. Cet équilibre
entre les contraintes de ce qui est
actualisé et les libertés de ce qui est
possible a été nommé
téléostasie; de lui
dépend l'évolution du
système.
Ces
complémentarités permettent de faire la
synthèse des propriétés
contradictoires
des systèmes ouverts et des théories qui les
décrivent.
La physiologie de
l'auto-organisation.
L'auto-organisation
biologique est liée à une série de
conditions. La première est qu'une structure
matérielle suffisamment complexe doit préexister.
Atlan affirme qu'un certain
seuil de complexité doit être atteint ou
dépassé pour que le système soit
capable
de réagir aux influences aléatoires de
l'environnement par une variété
suffisante de réponses possibles (8). La masse
étant complémentaire de
l'énergie, toute structure matérielle
s'accompagne d'un champ énergétique de
complexité égale. Les champs des atomes et des
molécules se superposent en
effet et forment un champ d'interférences. Il existe donc un
champ énergétique
global ou morphogénétique, maintenu par un apport
ininterrompu d'énergies en
provenance de l'environnement, et qui est complémentaire de
l'ordre structural
dont il détermine en fait la formation.
Ce qui
caractérise l'ordre biologique,
c'est
qu'il n'est jamais
rigide comme celui
du cristal. L'ordre
complexe et les
propriétés des macromolécules
biologiques reposent sur le fait qu'à part les
liaisons chimiques covalentes qui correspondent à celles qui
lient les atomes
d'un cristal et qui forment les chaînes des
molécules organiques, il existe
aussi des liaisons secondaires qui résultent de forces
faibles d'attraction ou
de répulsion (selon Heine
des forces
dispersives non polaires et des forces électrostatiques) (9). Ces liaisons
confèrent au comportement des
structures biologiques les degrés de liberté qui
sont responsables des
propriétés des systèmes chaotiques ou
des "structures dissipatives".
Associé à l'ordre spatial des
macromolécules, qui repose sur des liaisons
covalentes stables, il existe donc aussi un désordre
"organisé", un
chaos déterministe, qui se réalise par les
degrés de liberté de ces liaisons
secondaires instables. Du point de vue
énergétique ce
désordre correspond à ce qu'Atlan appelle délocalisation
des
électrons et qui signifie une augmentation de "l'information spécifique
potentielle." L'état
complexe des structures biologiques se
situe donc selon lui entre l'ordre rigide du cristal et l'insaisissable
chaos
de la fumée (10).
Par un
apport constant d'énergie, le système biologique
est ainsi maintenu loin de ces
deux états d'équilibre thermodynamique. Cela
constitue la condition pour
l'apparition de formes nouvelles sous les influences
aléatoires de
l'environnement et c'est grâce à cette
instabilité organisée que des
macromolécules, telles que l'acide
désoxyribonucléique (ADN) des chromosomes,
ont des propriétés
énergétiques étonnantes qui, selon les
explications de Popp,
correspondent à des phénomènes
quantiques tels que le stockage d'énergie par
résonance en espace creux, la supraconductivité
ou le laser.
La
nature imprévisible de l'auto-organisation proprement dite, de l'évolution
non prédéterminée des
systèmes
ouverts vers des formes plus complexes,
telle qu'elle ressort de la théorie des "structures
dissipatives" de Prigogine, ne peut pas être
attribuée au seul
hasard. Elle émerge du comportement
indéterminable du système lui-même, dans
la mesure où celui-ci réagit comme un chaos
déterministe aux influences de
l'environnement. Or les influences externes capables d'orienter
l'évolution
d'un chaos déterministe ne sont pas quelconques. Elles ne
sont pas chaotiques,
même si elles sont aléatoires. Selon les
explications de Popp ce sont des
photons cohérents, c'est-à-dire des
énergies
électromagnétiques ayant des
fréquences et des polarisations
déterminées. En
tout cas les influences les plus faibles (selon Popp
au minimum un seul photon suffit) capables d' agir, doivent
avoir une orientation nette
(comme la
pesanteur dans les tourbillons de Bénard ou le courant d'air dans notre
exemple de la bille), pour que la
symétrie des probabilités
puisse être brisée aux points
de bifurcation
de l'évolution du système ouvert, et qu'ainsi de
nouvelles formes cohérentes,
des "structures dissipatives", soient produites. Ces influences,
insignifiantes en tant qu'énergies, mais
déterminantes pour l'évolution d'un
système lorsque celui-ci est sensible à leur
orientation, sont ce qu'on appelle
des informations.
De
toute évidence, toutes les informations de l'environnement,
qu'elles soient
mécaniques, chimiques, électriques ou
électromagnétiques, sont toujours
traduites par les organes sensoriels du système biologique
en vibrations
électriques ou électromagnétiques. Il
est donc permis d'admettre qu'en dernier
ressort tous les effets de l'environnement se manifestent comme des
énergies
vibratoires, selon les expressions de E.
Guillé, et agissent sur les supports vibratoires
que sont les
macromolécules et notamment l'ADN des chromosomes. Les
interactions entre le
système biologique et les systèmes de
l'environnement peuvent donc être
considérées comme des interactions entre champs
électromagnétiques. Les
énergies vibratoires en provenance de l'environnement ont
cependant pour le
système biologique différentes significations:
- Il existe des énergies vibratoires qui
produisent et maintiennent l'intégrité des
systèmes vivants par apport
d'énergie, et dont les fréquences composent
depuis des temps immémoriaux leur
champ énergétique. La lumière solaire
est certainement la plus importante
puisque les plantes se forment par photosynthèse. Les
substances organiques des
plantes, principalement des sucres et des huiles, emmagasinent cette
énergie,
et lorsqu'elles la
libèrent de nouveau,
de quelque manière que ce soit, elle
réapparaît selon Popp
en définitive sûrement de nouveau sous forme de
quanta de
lumière, donc comme photons cohérents ou
énergie vibratoire. (11)
- Il
existe certainement aussi des vibrations qui sont sans importance pour
le
système parce qu'elles ne participent pas à sa
constitution et par conséquent
n'induisent pas de résonance. Ce sont des bruits sans
signification qui ne sont
pas perçus par le système. On parle alors de
transparence du système au bruit.
(12)
- Enfin
il existe aussi des vibrations dont l'apparition est nouvelle dans
l'environnement, qui n'ont donc jamais contribué
à la formation et au fonctionnement
du système mais qui malgré
tout peuvent entrer en résonance avec lui et le perturber.
Cet effet de
perturbation ne dépend pas de l'intensité de la
vibration mais de sa qualité,
de ses fréquences et polarisations. Ces vibrations ne sont
pas sans importance
comme les bruits, elles donnent une orientation au système,
puisqu'elles le
perturbent, ce qui veut dire qu'elles ont un sens, qu'elles agissent
comme des
informations.
De
telles informations nouvelles qui perturbent le système sont
à l'origine de
tout processus d'adaptation, de toute auto-organisation. Elles le
perturbent
parce qu'elles ne sont pas en harmonie avec son champ vibratoire; elles
provoquent des dissonances, des résonances dysharmonieuses.
Chacun a pu faire
l'expérience que les dissonances blessent l'ouïe.
Il est connu que certaines ondes
sonores peuvent briser des structures rigides comme le verre, si elles
y
provoquent une résonance. Cela témoigne de
l'importance des forces qui peuvent
être mises en jeu par résonance, pour modifier des
structures. Des phénomènes
analogues se produisent sans doute avec les résonances et
interférences liées
aux champs et aux structures des
systèmes biologiques. Il est permis d'imaginer que les
informations de
l'environnement, toujours traduites par les organes sensoriels en
vibrations
électromagnétiques, peuvent causer des
dissonances localisées qui affectent
certaines structures. Mais les structures biologiques ne sont pas
rigides et
cassantes comme le verre, leur comportement chaotique
indéterminé, c'est-à-dire
leur flexibilité due aux degrés de
liberté et leur sensibilité aux moindres
influences cohérentes, a pour résultat
l'apparition, comme effet de la
perturbation, d'une très grande
variété de nouvelles modifications
structurales. Mais parmi cette variété de
nouvelles formes possibles qu'une
modification de l'environnement peut produire, il ne reste à
la fin d'un
processus d'adaptation qu'une seule qui est retenue: la mieux
adaptée. Ce fait
bien connu ne doit pas nécessairement être
attribué à la sélection, il peut
aussi être expliqué par les
propriétés et interactions des champs
énergétiques.
Si la forme sélectionnée est la plus
adaptée parmi toutes celles qu'une
dissonance a pu induire, c'est parce que son propre champ est
à l'état
d'harmonie le plus parfait avec le champ global modifié du
système. Mais alors
le champ de cette forme est aussi plus puissant et plus
étendu que ceux des
formes concurrentes grâce à ces
résonances avec le champ
morphogénétique
global. Cela signifie que dans sa zone d'influence et en cas de
persistance de
la perturbation modificatrice, la probabilité d'autres
transformations de
structures vers la même forme est augmentée de
façon décisive par rapport aux
formes concurrentes et qu'ainsi un processus autocatalytique de
reproduction de
la structure la plus adaptée est mis en route à
partir des structures
initiales, des structures modifiées ou d'autres substances
adéquates apportées
par l'alimentation. Ce processus biologique de la reproduction
invariante peut
être comparé à celui de la
cristallisation. Si l'on introduit un microcristal
comme germe dans une solution sursaturée, il induit, comme
conséquence de son
champ énergétique, la formation de cristaux plus
grands.
Mais
lorsque les nouvelles formes adaptées sont
établies par reproduction, la
nouvelle information qui a provoqué la mutation est
neutralisée en tant que
perturbation et elle est intégrée comme nouvelle
composante vibratoire dans le
champ énergétique du système
adapté, devenu plus complexe. L'auto-organisation,
l'apparition de structures nouvelles et plus complexes, ne peut donc
pas être
expliquée par le seul comportement chaotique du
système et par le hasard, la
complémentarité de cette
indétermination avec la détermination des
structures
préexistantes et de leur champ
énergétique doit aussi être prise en
considération.
L'intégration
fonctionnelle des
systèmes ouverts.
Cette
conception de l'évolution biologique par auto-organisation
peut
à présent être
résumée très brièvement en
utilisant des
termes à signification très
générale:
- La
complémentarité de la structure
préexistante (substantialité) avec son champ
énergétique (dynamisme) produit,
sous condition d'un apport constant d'énergie par
l'intermédiaire du
métabolisme, un champ continu
d'interférences, qui constitue un ordre.
- La
complémentarité de cet ordre cohérent
(continuité) avec le désordre ou
l'incohérence (discontinuité), qui
caractérise la complexité des systèmes
biologiques, constitue un
état très
éloigné de l'équilibre thermodynamique, qui devient le
siège de l'émergence de "structures
dissipatives",
donc de l'apparition d'une variété de formes
nouvelles, plus complexes, sous
l'effet d'influences minimes mais cohérentes qui jouent le
rôle d'informations.
- La
complémentarité entre le choix d'une
variété indéterminée de
nouvelles formes
(indétermination) et la contrainte qu'imposent les
structures préexistantes
(détermination) conduit, par un processus analogue
à celui de la
cristallisation et sous condition d'un apport de substances
adéquates, à la
reproduction de la structure nouvelle la plus adaptée.
Ainsi
une boucle de la spirale de l'évolution se referme sur
elle-même.
L'auto-organisation des systèmes ouverts ne doit cependant
pas être comprise
comme un enchaînement linéaire de processus
consécutifs, comme elle a été
présentée pour des raisons logiques et
didactiques. Elle émerge plutôt de
l'ensemble des différentes propriétés
du système en tant que champ
énergétique
en interaction avec d'autres champs énergétiques
et par conséquent de la
conjonction des trois antagonismes définissant les fonctions
primordiales avec
trois processus énergétiques autocatalytiques
analogues à la résonance, aux
structures dissipatives et à la cristallisation, et ceci
à la condition
d'apports d'énergies, d'informations et de substances
adéquates de l'environnement.
Auto-organisation et
hérédité.
L'auto-organisation
constitue le caractère essentiel de la vie. Elle
apparaît à tous les niveaux de
la complexité biologique, obéissant toujours aux
mêmes lois et aux mêmes
conditions fondamentales. F.-A. Popp
explique le fonctionnement de l'ADN et par conséquent la
régulation du
métabolisme cellulaire par les résonances formant
des réseaux d'interférences
cohérentes à la manière des
"structures dissipatives". Selon H. Heine
la substance fondamentale,
l'association d'eau et de polymères glucidiques, forme un
système très sensible
qui répond à des stimulations minimes par des
réactions spontanées et ordonnées
et joue donc un rôle capital dans la coordination globale de
l'activité des
formations cellulaires et des organes. Même l'organisation
centrale du système
neurocybernétique fonctionne, selon les conceptions
actuelles de manière
globale, dans le sens de l'auto-organisation des "structures
dissipatives". Mais le fonctionnement de chacune de ces structures
biologiques
repose essentiellement sur des propriétés
énergétiques, donc sur un champ
énergétique. A la hiérarchie des
structures correspond donc une hiérarchie des
champs énergétiques des systèmes
biologiques.
Chaque
système biologique de n'importe quel niveau est capable de
s'adapter par
auto-organisation à son milieu. Cela signifie qu'en tant que
partie composante
il s'intègre par auto-organisation harmonieusement dans
l'unité de l'ensemble.
Mais cette harmonisation du champ énergétique de
la partie avec le champ énergétique
d'ordre supérieur de l'ensemble qu'il contribue à
composer, a pour conséquence
que le fonctionnement de la partie est dirigé par le
fonctionnement du tout, de
l'organisme entier ou par son champ
morphogénétique. C'est la raison pour
laquelle les propriétés fonctionnelles des
parties constituent un reflet, un
hologramme, des propriétés fonctionnelles de
l'ensemble.
Cette
conception de l'évolution par auto-organisation
résultant de l'interaction de
champs énergétiques, permet de comprendre ce que
la doctrine néo-darwinienne
laisse dans l'obscurité, à savoir comment la
"pression sélective" des
modifications de comportement, qui impliquent
uniquement des cellules somatiques, peut se répercuter sur
le matériel
génétique, l'ADN des cellules germinales, seules
capables de transmettre des
informations aux descendants, mais qui, fonctionnellement, ne sont
apparemment
pas impliquées dans ces modifications de comportement.
Toutes
les cellules, tous les tissus et organes et par conséquent
également les
organes génitaux et les cellules germinales dont
dérivent les ovules ou les
spermatozoïdes, sont englobés dans un seul champ
morphogénétique, propre à
l'individu, qui constitue en quelque sorte le milieu
énergétique de toutes les
cellules. Il est connu que le matériel
génétique des chromosomes est formé
par
une double chaîne de molécules d'ADN, par deux
brins homologues disposés en
spirale, et qu'à l'état de repos, cette
hélice s'enroule à nouveau sur
elle-même, formant une "superhélix". Cet
état assure au matériel
génétique une protection contre les influences
externes et une grande
stabilité. A l'état fonctionnel et dans certains
stades des divisions
cellulaires, ces brins sont séparés, ce qui les
rend sensibles aux influences
énergétiques de l'environnement. Au
début de la méiose, de la formation des
cellules reproductrices, il existe une phase où les
chromosomes sont
complètement déroulés et où
leurs deux brins se séparent. L'occasion d'une
transmission d'informations depuis les cellules somatiques, par
l'intermédiaire
du champ morphogénétique, aux cellules
reproductrices, existe donc dans cette
phase, où l'ADN est particulièrement sensible aux
influences externes. Une
telle transmission est sans doute très fragmentaire. On sait
qu'il faut de
nombreuses générations pour qu'un comportement
soit génétiquement fixé. Mais on
sait aussi, par la théorie de l'information, que les erreurs
d'un message
peuvent être éliminées par la
répétition indéfinie du même
message. Le sens
fonctionnel de cette restriction dans la transmission d'informations
acquises
est évident: seules des informations résultant de
modifications durables de
l'environnement et correspondant donc à des états
relativement stables du
milieu, doivent être fixés dans le code
génétique et transmis
héréditairement à
la descendance. Il est certain que dans cette phase de fixation
progressive de
l'information, la sélection intervient secondairement de
façon décisive, mais
elle ne peut pas être la cause et le moteur de
l'évolution.
Notes
bibliographiques.
(1) I.
Prigogine et I. Stengers, "Entre le Temps et
l'Eternité", p.
53
(2)
ibid. p. 58-59. Prigogine a désigné cette
apparition d'un ordre dans le chaos
par le terme "structures dissipatives" parce que les processus
thermodynamique corrélés se dispersent de
façon instantanée sur de plus grandes
portées; mais il a aussi utilisé le terme de
"structures cohérentes".
(3) H.
Haken et A. Wunderlin, "Le chaos
déterministe", La Recherche, No. 225, oct.
1990.
(4) F.-A.
Popp, "Neue Horizonte in der Medizin", p. 46.
(5)
ibid. voir chapitre sur les photons cohérents, p. 67.
(6) B.
Nicolescu, dans "Nous, la particule et le monde",
p. 33, cite
la définition
de la non-séparabilité
quantique donnée par Bernard
d'Espagnat:
"Par
"non-séparabilité" il faut entendre que si l'on
veut concevoir à
cette réalité des parties localisables dans
l'espace, alors, si telles de ses
parties ont interagi selon certains modes définis en un
temps où elles étaient
proches, elles continuent d'interagir quel que soit leur mutuel
éloignement, et
cela par le moyen d'influences instantanées.
Nicolescu ajoute le commentaire suivant:
"Tout le problème
est de bien comprendre le sens des mots "influences
instantanées",
car ils peuvent déclencher les pires confusions. Ces
"influences" ne
signifient pas que, à partir d'un certain
"émetteur", on peut
transmettre instantanément un signal à un
"récepteur". La
non-séparabilité concerne l'ensemble des
systèmes et non pas un système
séparé.
Vouloir manipuler un certain "émetteur" pour transmettre un
"message" revient à le considérer en tant que
système séparé, isolé,
et donc on abolit les conditions de la
non-séparabilité.
La spontanéité quantique est
(heureusement)
incompatible avec la manipulation macroscopique de la
non-séparabilité. Quand
quelqu'un lève son bras droit il n'influence pas ce qui se
passe sur Sirius.
La non-séparabilité quantique
a une
signification beaucoup plus subtile et d'ailleurs beaucoup plus
intéressante
que ce que nos habitudes mentales classiques essayent de nous faire
croire.
Elle nous dit qu'il y a dans le monde, tout du moins à une
certaine échelle,
une cohérence, une unité des lois qui assurent
l'évolution de l'ensemble des
systèmes naturels.
(7) Hans
Primas, conférence lors d'un symposium
sur la complémentarité,
Lenzburg, septembre 1990.
(8) H.
Atlan, "L'organisation biologique et la
théorie de
l'information", p. 52 et suivantes. Atlan expose la loi de la
variété
indispensable de Ashby, selon laquelle, dans les systèmes
cybernétiques
complexes, la variété qualitative (et non pas la
quantité) des réponses possibles
aux stimulations doit être d'autant plus grande que le nombre
d'états
acceptables est restreint.
(9) H.
Heine, dans A. Pischinger, "Das System der
Grundregulation",
fait une énumération
détaillée des liaisons biochimiques et donne une
explication scientifique de
la
complémentarité de l'ordre et du
désordre qu'il présente comme
l'équilibre
entre l'enthalpie et l'entropie. Il écrit: "L'entropie entre
donc dans la
rupture des structures et l'enthalpie dans la formation des
structures".
Il s'agit donc bien, en utilisant d'autres termes, de l'antagonisme
entre la
discontinuité (rupture de structure, entropie ou chaos) et
la continuité
(formation de structures, enthalpie ou cohérence des
relations énegétiques).
(10)
Image symbolique choisie par
H.
Atlan comme titre d'un de ses livres: "Entre le
cristal et la
fumée".
(11) F.-A.
Popp, chapitre "Nourriture en tant qu'information",
p. 154.
(12)
ibid. p. 67. Popp explique que la probabilité que des bruits
chaotiques
perturbent les régulations du système est
d'autant plus faible que le mélange
de ses fréquences propres est plus complexe. Par
conséquent les systèmes
biologiques complexes ne sont guère influencés
par des bruits chaotiques. Ces
systèmes sont donc transparents aux bruits et par
conséquent d'autant plus
sensibles aux moindres influences cohérentes.
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